Ouest France (mardi 2 août 2011)

na15_3000435_3_apx_470_.jpgSuite de notre série, autour de la Loire. Les Nantais ont des idées. Avec aujourd'hui, le transport par câble ou tram aérien. Le téléphérique est encore très peu développé dans les villes en France.

Avec le téléphérique, les clichés ressortent

Quand l'idée a été émise par le Modem, elle a suscité des haussements d'épaules. Et les clichés sont ressortis. Un téléphérique, « mais nous ne sommes pas en montagne ». « De l'île de Nantes à la Butte Sainte-Anne, (proposition initiale), mais c'est un peu court comme distance et ça va servir à qui ? » Images éculées ? Sans doute. Aujourd'hui, le transport par câble séduit de grandes cités modernes : New York, Milan, Londres.

Pour Nantes, Isabelle Loirat et Benoît Blineau imaginent aujourd'hui un tram aérien sur 4 km, permettant de relier la ligne 1 du tram, quai de la Fosse, à la ligne 3 à Rezé. Avec deux gares intermédiaires pour desservir l'île de Nantes et la zone Atout sud. « La solution est adaptée au site et permet le passage des bateaux », fait remarquer Isabelle Loirat.

« Le tram aérien, ni de gauche, ni de droite, au-dessus »

Pour mieux enfoncer le clou et convaincre les sceptiques, Isabelle Loirat et Benoît Blineau ont fait appel à un expert : Pierre Jaussaud, ancien directeur du laboratoire d'essais mécaniques de l'institut polytechnique. Le spécialiste, reconnu du transport par câble, est intervenu lors du dernier conseil municipal dans un débat sur les franchissements de Loire. Débat proposé par le Modem.

Pierre Jaussaud a vanté les avantages du tram aérien, moins cher, plus sûr et moins polluant que les autres moyens de transports en commun. « Ni de gauche, ni de droite, mais bien au-dessus. Il garantit la bonne utilisation de l'argent public. Il est économe de fonctionnement, puisque le câble consomme quatre fois moins d'énergie qu'un tram classique par personne transportée. »

Pas trop cher, pas polluant...

En plus, il n'est pas cher à construire. « Le coût pour une ligne de 4 km de tram aérien correspond au coût d'un seul kilomètre de tram au sol. » « C'est 4 fois moins cher qu'un pont », rajoute Isabelle Loirat. Cerise sur le gâteau, l'aérien « provoque 27 fois moins d'accident que le tram terrestre », précise Pierre Jaussaud.

Enfin, sa capacité est énorme. Les télécabines (« Metro-cable ») de Medellín en Colombie transportent mensuellement 1 million de personnes.

Malgré des avantages, les réticences demeurent

Alors, convaincu ? Eh bien non, les réticences demeurent. Ainsi, Jean-Marc Ayrault estime qu'il faut « recaler les données financières ». Le PS brandit l'étude d'un économiste selon laquelle les coûts avancés sont sous-estimés. En réaction, Pierre Jaussaud met en doute la qualité de ladite étude.

En fait, c'est surtout psychologiquement qu'une grande majorité des gens freine des quatre fers. Le câble en ville, c'est nouveau et peu développé en France, à l'exception de Grenoble (et nous revoilà près de la montagne !) et des funiculaires au sol.

« Vous vous rendez compte, les gens dans le téléphérique, ils auront la vue dans les appartements, les maisons, les jardins... » Réponse très claire de Pierre Jaussaud : « L'intrusion visuelle est un mythe : le temps de passage des cabines devant les fenêtres est inférieur au temps de persistance rétinienne. Les riverains ont beaucoup plus de mal à se protéger des voisins d'en face. »

Autre argument contre : les poteaux qui soutiendront le câble s'intègrent mal dans le paysage. Voilà qui ressemble au syndrome de l'éolienne, dont parfois on ne veut pas, sous prétexte que l'oeil ne s'y habitue pas toujours.

Alors ? Les jeux sont ouverts.

 

Philippe Gambert. Ouest France

 

 

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